Les maîtres d'œuvre cisterciens doivent concilier les exigences de construction en pierre pour limiter les risques d'incendie, de constructions élevées et lumineuses (en accord avec leur spiritualité), sans augmenter démesurément le coût des chantiers. Historiquement les derniers ordres religieux sont ceux créés au XVIe siècle tels l'Ordre du Carmel, l'Ordre des Chartreux, l'Ordre de Saint-Benoît, l'Ordre de Saint-Jérôme, l'Ordre de l'Immaculée Conception, l'Ordre de l'Annonciation céleste, entre autres. Elle est portée par la monétarisation croissante de l'économie depuis l'introduction du denier d'argent par les Carolingiens au VIIIe siècle, qui permet l'introduction de millions de producteurs et de consommateurs dans le circuit commercial[132]. Son rayonnement et son prestige personnel en ont fait au XIIe siècle le plus célèbre des cisterciens. La véritable envolée se produit entre 1129 et 1139 et un tel dynamisme suscite bien des problèmes : incorporation de monastères qui gardent un coutumier non conforme à l'esprit de la Charte de Charité, choix d'implantations difficiles, difficultés pour les abbayes-mères de pouvoir effectuer les visites annuelles, danger des prélèvements trop fréquents d'effectifs qui épuisent les abbayes-mères. Bernard, trois ans seulement après son entrée dans l'ordre cistercien, consacré abbé par Guillaume de Champeaux, évêque de Châlons-sur-Marne, prend la tête de l'abbaye de Clairvaux le 25 juin 1115. Albéric et Étienne Harding, ainsi que vingt-et-un moines fervents, l'accompagnent dans son « affreuse solitude » où ils s'installent le 21 mars 1098, sur le site de La Forgeotte, alleu concédé par Renard, vicomte de Beaune, pour y fonder une autre communauté dénommée pour un temps[20] le novum monasterium. Toutefois, certaines volontés de réformes se font jour dans le royaume de France. La liste des ordres religieux est riche et variée dans l'Eglise catholique, ce qui constitue une différence avec les Eglises orthodoxes (où il n'y a traditionnellement qu'une règle monastique) et avec le protestantisme (où le monachisme est généralement marginal voire, dans certains courants, inexistant). Ce terme se rapporte à la définition ‘ordre religieux’ car il désigne un ensemble de cérémonies et de prescriptions qui caractérisent une religion. Il intervient dans la désignation des papes, dont il finit par faire triompher la cause : Innocent II contre Anaclet II, et va même jusqu'à donner des leçons aux souverains pontifes[37]. Né en Champagne, apparenté à la famille de Maligny, l'une des plus grandes de la région, Robert de Molesme commence son noviciat à l'âge de quinze ans à l'abbaye de Montier-la-Celle, dans le diocèse de Troyes. Usant d'une habile politique d'acquisitions, les moines blancs se rendent maîtres de nombreux cours d'eau. Les nombreux procès qui opposent les Cisterciens à ces seigneurs attestent la fréquence des conflits portant sur la question de l'accès à l'eau[152]. Les Cisterciens développent donc un style dépouillé même si le souci esthétique demeure. Les moines s'attaquent à un chantier encore plus important : détourner la Cent-Fonts, qui assurerait un débit minimal de 320 litres par seconde[156]. Étant donné que le quatrième office de la journée, tierce, se tenait déjà à la troisième heure soit vers 9 h00 sur la moyenne de l'année, les moines devaient se dépêcher pour se rendre au travail à l'issue du chapitre[101]. Dès les premières décennies du XIIe siècle, la vie communautaire est marquée par l'organisation des tâches manuelles qui découle d'une nouvelle conception de l'unité foncière et du rôle de l'entreprise agricole. Par exemple ils plantent des saules dont les racines soutiennent la terre des digues ou des canaux[161]. Pour les monastères cisterciens qui vivent en relative autarcie, l'usage des carreaux d'argile plutôt que de dallages en pierre ou en marbre s'impose. Robert a tout juste le temps de recevoir du duc de Bourgogne une vigne à Meursault qu'à la suite d'un synode tenu à Port d'Anselle en 1099 qui légitime la fondation du novum monasterium, il se voit contraint de revenir à Molesme où il trouvera la mort en 1111. Avec la croissance économique et démographique, les besoins importants de l'industrie textile, il faut plus de bovins et d'ovins. » Bernard de Clairvaux[119]. Au sein de la communauté cistercienne, on distinguait au Moyen Âge plusieurs groupes de frères suivant leur dignité et leur fonction, mais tous unis par la prière commune et par l'autorité de l'abbé. Nicole Lemaître, Marie-Thérèse Quinson et Véronique Sot. Dans le christianisme, c'est un ensemble d'hommes ou de femmes vivant un commun idéal de perfection « à la suite du Christ » (la sequela Christi) tel que défini par les orientations d'une règle religieuse propre. Dès lors le contrôle des eaux devient une priorité pour l'ordre. La taxe sur la laine est la première ressource fiscale pour le roi d'Angleterre. Aux obligations liturgiques s'ajoutent travail manuel et lectio divina. Un grand mouvement de défection touche les communautés du nord de l'Europe et les princes gagnés à la Réforme confisquent les biens de l'ordre. Les Cisterciens prélèvent un cens sur les revenus des paysans sauniers[178]. Ainsi, l'abbaye de Cîteaux doit payer 200 livres dijonnaises au chapitre de Langres pour obtenir le droit de faire passer une dérivation de la Cent-Fonts[153]. Pour favoriser la cohésion, éviter les discordes et fonder des relations organiques entre les monastères, dès 1114, Étienne rédige une Charte d'unanimité et de charité[43]. Parallèlement, très probablement entre 1097-1099, l'abbé Étienne fait mettre par écrit le récit des fondations. Si ces derniers sont bien accueillis, la réforme est cependant peu perceptible et reste souvent le fait d'initiatives individuelles éphémères. Elles sont enfermées dans le four, rangées en quinconce, le four étant obturé par des briques réfractaires enduites d'argile pour parfaire l'isolation. Grâce à leurs implantations, les Cisterciens sont partout sur ces axes commerciaux fluviaux : sur la Garonne et la Loire qui conduisent à l'Atlantique et donc à l'Angleterre et l'Europe du Nord, la Seine et ses affluents qui mènent à Paris puis Rouen et donc à la Manche, le Rhin (et la Moselle ou le Main) vers les régions peuplées et commerçante contrôlées par la Hanse, sur le Pô, le Danube[181]. Les vitraux blancs dominent ; moins coûteux, ils correspondent aussi à un usage métaphorique comme certains ornements végétaux[129]. La protection bienveillante de l'archevêque Hugues permet l'édification d'un monastère de bois et d'une humble église. Avant l'enterrement, l'on chantait l'office des morts. Les terres sont parfois éloignées du monastère, et subdivisées en parcelles autonomes, les granges (voir infra « La grange cistercienne ») qui incluent l'ensemble des édifices agricoles, mais aussi les terres et points d'eau attenants. Les monastères anglais, puis écossais et enfin irlandais le sont entre 1536 et 1580. Plutôt que confier leur domaine foncier à des tenanciers, ils participent eux-mêmes au travail de la terre[136]. Aux saisons comptant deux repas chauds par jour, le premier repas était fixé pour midi et la quatrième prière sexte devait donc être avancé, jusqu'à 10 h 45 selon les cas ; sinon, sexte était prié à midi. Les architectes cisterciens bâtissent leur plan sur des considérations fonctionnelles liées aux aménagements hydrauliques, la lumière ou les matériaux disponibles dans la région, mais en respectant les recommandations de Bernard de Clairvaux qui a défini les bâtiments nécessaires pour servir Dieu selon la Règle : l'oratoire, le réfectoire, le dortoir, l'hôtellerie et la porterie[125]. Elle fit l'objet de différentes mises au point. Des formes de communication non verbales sont mises en place et, en particulier, un langage par signes[92]. Étienne Harding a institué, au sommet de l'édifice, le chapitre général comme organe suprême de contrôle. La ligne de Clairvaux compte jusqu'à 350 monastères, celle de Morimond plus de 200, celle de Cîteaux une centaine, seulement une quarantaine pour Pontigny et moins de vingt pour La Ferté. MOINES : Les trois groupes les plus importants sont : – Les bénédictins. La controverse se double de conflits locaux entre les monastères rivaux. Bien qu'ils suivent la règle de saint Benoît, les cisterciens ne sont pas à proprement parler considérés comme des bénédictins. Bernard de Clairvaux charge des moines de son abbaye de ramener des buffles mâles du royaume d'Italie, pour pratiquer des croisements[149]. Le théologien et abbé Pierre Abélard du Pallet en fait l'amère expérience lors du concile de Sens du 2-3 juin 1140. Enfin, à côté des monastères d'hommes, des couvents de moniales vont se créer. En général, ils exploitent au mieux les ressources locales en valorisant les forêts plutôt qu'en les détruisant. À l'époque moderne, la culture humaniste gagne les monastères ce qui provoque l'opposition des principaux tenants de la réforme au XVIIe siècle. L'ordre cistercien (en latin Ordo cisterciensis) est un ordre monastique de droit pontifical. L'ordre doit le développement considérable qu'il a connu dans la première moitié du XIIe siècle à Bernard de Clairvaux, (1090-1153), le plus célèbre des cisterciens qui peut être considéré comme son maître spirituel[32]. À en suivre Terryl N. Kinder, les vallées, no man's land, « délimitaient un territoire « neutre » où les nobles guerriers des deux rives faisaient la trêve, mais qui par sa position stratégique, ne convenait pas à un usage domestique[46] ». Mais concernant ces deux derniers points, la vie monastique des Cisterciens ne différait guère de la vie des communs des mortels au Moyen Âge. Prévu à l'origine pour accueillir une vingtaine d'étudiants, le Collège des Bernardins, forme entre le XIIIe et le XVe siècle, plusieurs milliers de jeunes moines cisterciens, l'élite de leur ordre, venus du nord de la France, de Flandre, d'Allemagne et d'Europe centrale pour étudier la théologie et la philosophie. Les Cisterciens sont donc maîtres d'un réseau commercial couvrant toute l'Europe. Pour cette raison, la salle capitulaire jouxtait habituellement l'église abbatiale. Un frère est chargé de la tâche de réveiller les moines pour l'office de nuit. En Occident, à la charnière des XIe et XIIe siècles, nombreux sont les fidèles qui cherchent de « nouvelles voies de la perfection[5] », « désir inexprimé, mais exaltant toutes les ardeurs, de rajeunir le monde[6] ». Bien entendu, tous les moines qui étaient prêtres disaient aussi leur messe privée, à un moment donné de la journée, conformément à l'obligation relevant de leur sacerdoce[98]. Tout doit y conduire et rien en distraire[71]. Aussi, conjuguant ascétisme et rigueur liturgique et rejetant l'oisiveté grâce au travail manuel, la Regula Sancti Benedicti est à la fin du XIe siècle une formidable source d'inspiration pour les mouvements en quête de perfection tels les ordres de Grandmont ou de la Chartreuse, fondée par Bruno de Cologne en 1084. En février 1790, l'Assemblée nationale française vote la suppression de l'ordre pour motif d'inutilité. En effet, les échanges intellectuels au sein des villes permettent un foisonnement d'idées dont certaines sont autant de provocations pour l'austère Bernard de Clairvaux. Si les Cisterciens savent innover, ils utilisent aussi parfois des techniques très anciennes. Par suite de l'accroissement de l'ordre, avec la fondation de centaines d'abbayes et l'incorporation de plusieurs congrégations (celles de Savigny qui compte trente monastères et d'Obazine du vivant même de saint Bernard), l'uniformité des coutumes s'altère insensiblement. Dès 1113, les premières moniales sont installées au château de Jully. »[75]. Les recommandations de Bernard de Clairvaux sur le chant sont pleines d'une exigence d'harmonie et d'équilibre propre à l'art cistercien. Cet ancien abbé cistercien prêche à sa demande pour la deuxième croisade qui emmène en Terre sainte Louis VII le Jeune et Conrad II le Salique. Des matières confortables ou luxueuses n'étaient pas autorisées. Le travail agricole était d'honneur dans l'ordre de Citeaux[105]. Les Cisterciens se dirigent plus particulièrement vers les œuvres regardant la liturgie, la musique sacrée ou l'érudition à l'exemple de Ferdinando Ughelli, abbé de Tre Fontane à Rome et de Pierre Le Nain, sous-prieur de la Trappe, auteur d'un Essai sur l'histoire de l'Ordre de Cîteaux. De simples barques à fond plat suffisent pour transporter les denrées sur ces rivières calmes. ». Cîteaux reste l'autorité spirituelle gardienne de « l'observance de la sainte règle » établie au Nouveau Monastère. Il devient prieur. En définitive, si le choix d'une fondation dépend d'« un savant mélange fait de piété, de politique et de pragmatisme […] le paysage a peut-être joué un rôle dans la formation de la spiritualité du nouvel ordre[49] ». Le système des visites est restauré. Il faut aussi les loger dans les villes universitaires. Les moines se nourrissaient donc de poisson et de légumes, assaisonnés de sel, ainsi que de pain et éventuellement d'œufs ; pour des motifs de salubrité, le vin ou la bière furent les principales boissons, consommées bien entendu avec modération. Les moines doivent négocier le passage au duc de Bourgogne et au chapitre de Langres. Cependant, pèlerinages et croisades ne nourrissent pas spirituellement tous les croyants. À la même époque, Aelred, abbé de Rievaulx (Angleterre) écrit sa grande œuvre sur l’Amitié spirituelle[88] ; le souci d'un vrai amour fraternel, concret et authentique, transparaît aussi dans son Miroir de la charité[89]. Il parvient à mettre en application cet idéal en partageant solitude, pauvreté, jeûne et prière avec sept ermites installés dans la forêt de Collan (ou Colan), près de Tonnerre dont il dirige la vie spirituelle[13]. Il s'entoure alors de plusieurs moines et chantres pour faire rentrer dans les canons et dans la théorie de la musique de leur temps, tout le répertoire existant. Il parcourt la France, l'Allemagne, mobilisant les foules après le prêche de Vézelay (31 mars 1146) pour lancer la deuxième croisade. Diverses théories postulent que les organisations anciennes sont plus « autosuffisantes », plus « fermées » que les organisations contemporaines. Les régions orientales d'Occident et de la péninsule ibérique ne connaissent pas la même situation. Ils suivent la règle de saint Benoît de Nursie, établie au vr siècle. Dès lors, ce qui fait la popularité de l'ordre à ses débuts disparaît et il décline au profit des ordres mendiants. Julien Théry, Jean-Marie Allard, Noël Coulet et Damien Carraz. » Dans l'esprit de dépouillement, les formules psalmodiques, chantées tout au long des sept offices de la journée et de la nuit, sont ramenées aux formules les plus simples sans intonation ornée.