Ma première émotion esthétique, je l’ai vécue en entendant une petite formation tsigane, essentiellement composée de cordes, que des amis de mes parents avaient fait venir pour fêter la naissance de leur petit-enfant ; j’avais à peine 10 ans et j’en ai pleuré de joie. Mozart contre ce qu’il croit pouvoir entendre dans Brahms. C’est, comme l’expliquera plus tard la préface au Crépuscule des idoles, une force d’âme qui conquiert la belle humeur : « Conserver sa belle humeur quand on s’est engagé dans une affaire et extrêmement exigeante, ce n’est pas une mince affaire : pourtant, quoi de plus indispensable que la belle humeur ? 16La grande musique, comme la « morale des seigneurs », « dit oui », « elle dispense un peu de sa richesse aux choses – elle transfigure le monde, l’embellit, lui donne du sens » 24. Mais mon estomac ne proteste-t-il pas lui aussi ? « Sans la musique, la vie serait une erreur, une besogne éreintante, un exil », écrivait en 1888 le philosophe allemand Friedrich Nietzsche dans Le Crépuscule des idoles. Ou encore : « La musique [est] le reflet de toutes les activités et conduites humaines » (Le Voyageur... § 156). [...] Quand je cherche un synonyme à “musique”, je ne trouve jamais que le nom de Venise. Ces mots résument tout ce que Nietzsche attend de la musique, et dont voici quelques échantillons : « Beethoven et Mozart. Deux aphorismes plus loin, Nietzsche explique ce qu’il entend par cette « heitere Musik », cette « musique gaie » [l’adjectif qualificatif étant mis car l’auteur entre guillemets pour en signaler le sens subtil]. 1Écoutons la phrase de Nietzsche citée en titre et en épigraphe. Qui ne connaît pas Michael Jackson ou Mozart ? Paru dans Profession Assistant(e) Dentaire ... « la pratique de la musique exige une concentration totale qui permet de s’évader », explique Véronique, professeure de musique … Mais la « belle humeur », la Heiterkeit ! Une erreur, une torture, un exil : c’est si la vie vous abandonne, si la maladie menace, la décadence, la faiblesse, le désespoir, le ressentiment, c’est si « le désert croit », lieu de mort, de solitude et de silence. sous la direction de Liébert Georges. Cela fait songer Nietzsche au Midi, à l’Italie, à la Grèce, à Lucrèce et à Épicure, à Claude Le Lorrain et à Poussin, surtout à l’époque d’Humain, trop humain et du Gai Savoir 17. Mais c’est encore plus vrai pour la musique, et pour la musique allemande en particulier. La musique était dans sa tête .les parnassiens mettaient de la musique dans leurs poésies.la musique les sons sont la vie parce-que la vie est une musique.il faut savoir sur quelle gamme nous pouvons la jouer.là ,il ne faut pas trop faire d'erreur. Sans la musique, la vie serait une erreur. 3 réponses à “Sans la musique, la vie serait une erreur, une besogne éreintante, un exil. Nous essayons d’analyser l’oeuvre. Presque toutes les situations et manières de vivre ont leur moment de bonheur. C’est pourquoi Nietzsche dans le même texte d’Ecce Homo 18, fait une équivalence entre le bonheur et le Midi et dit préférer « tout ce qui a poussé de l’autre côté des Alpes, je veux dire de ce côté-ci » 19 et fait une fleur à Rossini et à son « maestro vénitien Pietro Gasti » [Peter Gast], « mon Midi à moi ». Tout cela est de la musique. – c’est qu’il exige avant tout de la musique l’ivresse de bien marcher, de bien aller au pas, de bien danser. Certes, la métaphysique de Schopenhauer l’avait incité à soupçonner que cet art nous mettait en relation avec « l’essence intime du monde ». « Sans musique, la vie serait une erreur » Par Sonia Julaud. Sans musique la vie serait une erreur Éric Blondel « Sans musique la vie serait une erreur » Crépuscule des idoles, Maximes et pointes, § 33. • Composé de 6 cordes, une caisse, une tête, et un manche comprenant des frettes pour délimiter les cases. 10C’est en fonction de ce critère : les passions tristes ou la belle humeur (Heiterkeit), la négation ou l’affirmation de la vie, la force ou la faiblesse que Nietzsche évalue la musique, ce qui définit sa méthode généalogique : « En ce qui concerne toutes les valeurs esthétiques, je me sers désormais de cette distinction fondamentale : je me demande dans chaque cas particulier : “Est-ce ici la faim ou le surplus qui est devenu créateur ?” 11 ». » demande Nietzsche dans la suite du texte), mais le moyen de la Selbstüberwindung, du dépassement de soi, de l’accomplissement physique et moral sans négation de soi et sans négation de la vie ni du corps. Cela vaut pour les grands philosophes, pour le christianisme et l’exigence morale. Les premiers instruments de musique remontent au moins à 35 000 ans mais la pratique de la musique est sans doute beaucoup plus ancienne. « C’est un art si élevé, écrivait Schopenhauer, et si admirable, si propre à émouvoir nos sentiments les plus intimes, si profondément et si entièrement compris, semblable à une langue universelle qui ne le cède pas en clarté à l’intuition elle-même 8 ». Sans musique, la vie serait une erreur - Nietzsche. 4 décembre 2020 11 décembre 2020 Camille Add a Comment Mise à jour. Toute musique vraie, toute musique originale, est un chant de cygne. [Idem : le prétendu précurseur du nazisme évoque souvent Beethoven, d’origine flamande, Mendelssohn, juif, et se sent soulagé que Mozart n’ait pas été Allemand, mais Autrichien !] Sans la musique, la vie serait une erreur, une besogne éreintante, un exil. Plateforme de paiement 100% sécurisée. Telle est la conviction de Nietzsche, inébranlable, d’un bout à l’autre de sa fluctuante carrière, qu’il s’exprime dans ou hors de la métaphysique, et en dépit de toutes les vicissitudes de sa pensée changeante et en devenir. C’est au moins parce que, comme dans Wagner, Beethoven ou Brahms, ils pouvaient reconnaître, à tort et à raison, des affinités avec leurs tendances. Article initialement paru en janvier 2017 dans le n°62 du magazine Grandir Autrement. Même l’existence au bord de l’eau a le sien, elle si ennuyeuse, si sale, si malsaine à vivre et côtoyant la canaille la plus bruyante et la plus cupide – ce moment de bonheur, Chopin l’a si bien fait chanter, dans la Barcarolle, qu’à l’écouter l’envie pourrait prendre même les dieux de passer de longues soirées d’été allongés dans une barque » 20. Mais Nietzsche est un philosophe du soupçon, prompt à déceler les arrière-plans et arrière-pensées d’une musique, qui parfois trahissent une volonté « faible », « décadente ». Et vaut pour lui, par excellence, ce qu’il écrit dans le Cas Wagner : « on est attiré par ce qu’on devrait repousser » 1. Mais, comme la volonté est la réalité intime des choses, la chose en soi, l’essence cachée et inconsciente des phénomènes, la musique est le vrai langage de la réalité, elle s’identifie avec la réalité en soi, elle est une expression métaphysique et directe, plus vraie que les mots du langage, du monde comme volonté. - Gamme ? Cliquez ICI !!! Par exemple, il ne faut pas se méprendre sur l’opinion de Nietzsche à l’égard de la musique de Wagner, il ne l’a pas aimée à la folie pour ensuite la détester et la critiquer, il n’a pas fini par brûler ce qu’il avait commencé par adorer, bien au contraire, il ne s’est détaché par la critique que de ce qu’il a aimé, il a attaqué dans Wagner son propre penchant excessif pour cette musique, son propre wagnérisme, son propre romantisme, sa propre décadence. La musique est un élément important dans la vie de 65% de Marocains; Davantage pour les femmes et dans les catégories sociales les plus favorisées; La musique est au coeur de l’acte social; A l’occasion de ce sujet rare, pas moins de deux articles ont été publiés sur le site l’Économiste. Ce que l’on nomme les musiciens allemands, à commencer par les plus grands, sont tous des étrangers, Slaves, Croates, Italiens, Néerlandais ou juifs [on aurait aimé que la sœur de Nietzsche et les nazis n’oublient pas ce passage dans leurs évocations pseudos-nietzschéennes]... ou, si ce n’est le cas, ce sont des Allemands de la forte race allemande maintenant éteinte, tels que Heinrich Schütz, Bach et Haendel. Qu’elle soit personnelle, folâtre, tendre [difficile, désinvolte, tendre : c’est le portrait de Carmen qui commence à s’esquisser], une douce petite femme pleine de malice et de grâce [d’abjection et de grâce]... Je n’admettrai jamais qu’un Allemand puisse seulement savoir ce qu’est la musique. Ma mélancolie entend trouver le repos dans les réduits et les abîmes de la perfection : c’est pour cela que j’ai besoin de la musique. ), une vision un peu Kitsch de l’énergie et de la jeunesse, une nuance de pureté et d’innocence moralisante, toute prête à s’étaler, à la faveur de circonstances telles que... la façade de vertu, d’amour de la nature et de la jeunesse du nazisme ? Revue de philosophie et de sciences humaines. Prendre Schumann pour un pré-nazi, direz-vous, quelle sottise ! - Harmonie Montcalm - Les activités! 2 http://educationauthentique.org/ et lire Éducation authentique, Éditions Myriadis, 2017. et dont le sérieux était un sérieux plein d’or et de bonté, et justement pas le sérieux d’un bon bourgeois allemand... Pour ne rien dire du sérieux du “convive de pierre”... Mais vous êtes tous persuadés que toute musique est musique du “convive de pierre” » (Wagner comme danger). Mais une fois même abandonnée sa « métaphysique artiste », Nietzsche continue à accorder à la musique une importance insigne. L’attitude ambivalente de Nietzsche envers la musique de Wagner est révélatrice de ce qu’on peut attendre et de ce qu’on doit refuser de la musique en général. – Mozart a de tout autres rapports avec ses mélodies ; il ne trouve pas ses inspirations en écoutant de la musique, mais en regardant la vie, la vie la plus animée » 14. - Partir en riant... et tout de même recevoir un coup de fil ! Jacques Perrin De mon passé de philosophe, j’ai hérité cette intuition que sapientia et saveur partagent la même origine. Nous nous installons comme d’autres le feraient pour regarder un film, et nous sommes attentifs à ce que nous entendons, captivés par ce que nous écoutons comme nous le serions par les images du film. URL : http://journals.openedition.org/leportique/212, Voir la notice dans le catalogue OpenEdition, Plan du site – À propos – Crédits du site – Flux de syndication, Nous adhérons à OpenEdition Journals – Édité avec Lodel – Accès réservé, You will be redirected to OpenEdition Search, Style national et qualité cinématographique, Traduire Heidegger – Lacan / Refonder l’esthétique – Pierre Kaufmann, La beauté des villes / La ville de l'étranger, André-Georges Haudricourt (1911-1996) : la matière du monde, Paul Ricœur : une anthropologie philosophique, Gilles Deleuze et Félix Guattari : Territoires et devenirs, Heidegger. Ou bien encore : la création contre la faiblesse épigonale. ? Il doit songer surtout à la Dichterliebe, d’après Heine, et aux Scènes d’enfants. Cependant, il n’est pas nécessaire d’être musicien aguerri pour être mélomane. 19Et, comme dirait le frère de Nietzsche en angoisse, en solitude, en torture et en grimaces bouffonnes de martyr aux mille masques : « The rest is silence ». Quant à moi [écoutons bien ! Ce dernier a besoin d’elle et elle repose sur lui pour justifier ce Lire la suite…, Une équipe universitaire réunissant des sociologues, des philosophes, des linguistes au sein d’un séminaire de recherche sur l’instruction hors école (dite en famille) a publié le 14 octobre 2020, dans le journal Le Monde, une tribune Lire la suite…, « Comment traite-t-on un invité de marque qui daigne nous rendre visite ? » nous demande Léandre Bergeron. 8C’est là le grand point, pour Nietzsche : même abandonnée la théorie schopenhauérienne de la volonté, comme trop métaphysique, il demeure que la vie est affects, passions, c’est-à-dire volonté de puissance. Nietzsche, qui cite plusieurs pages de ce texte de Schopenhauer dans le paragraphe 16 de la Naissance de la tragédie, résume ainsi la teneur de ces lignes : « Selon Schopenhauer, nous comprenons donc la musique immédiatement comme langage de la volonté 5 ». C’est évident. La musique dit le monde, dit ce que les mots ne peuvent exprimer, elle révèle la réalité plus profondément que tout autre mode d’expression et même que tout autre art. ], je suis encore assez Polonais pour cela, je donnerais pour Chopin tout le reste de la musique : j’en excepte, pour trois raisons différentes, Siegfried idyll de Wagner, peut-être Liszt qui, par ses nobles accents orchestraux, l’emporte sur tous les autres ; enfin tout ce qui a poussé de l’autre côté des Alpes, je veux dire de ce côté-ci. 681 J’aime. 12 mai 2018 - Vous aimez la musique et la danse ? Car l’âme, cela n’existe pas... Je pense que c’est de s’alléger. Description De La Guitare : • Instrument à cordes pincées. Nous en parlons aussi beaucoup, passionnément. (Electrique, acoustique, folk...) Phase 2 Phase 3 Conclusion Phase 4 Sans Unschooling unconsulting – Accompagnement en écoparentalité, Anticapitalistes, nous sommes forcément contre l’obligation de scolariser les enfants par le Bataillon international de libération des enfants, École, religion de l’État par Fredy Fadel, Comme des invitées de marque – Léandre Bergeron, 2017 – Daliborka Milovanovic – Tous droits réservés. !Un public fidèle et attentif .MERCI à tous ceux qui déjà ont donné!Nous avons besoin de vous. En revanche, dès qu’ils le pouvaient, ils passaient un disque vinyl ou une bande magnétique voire, mieux, ils faisaient venir des musiciens à la maison, souvent, notre jeune voisin accordéoniste de talent. Mais la transmission de mon amour pour la musique ne se fait pas de manière intentionnelle et dirigée,consciente et volontaire. Sortie culturelle Mon audition à Montcalm -Intérêt en deuxième secondaire -Gens '' différents '' , wow ! On en trouvera tout une anthologie dans les paragraphes 149 à 169 de la dernière partie d’Humain, trop humain, intitulée le Voyageur et son ombre, ainsi (§ 161) sur Schumann « Le “jeune homme” tel que l’ont rêvé les romantiques auteurs de Lieder d’Allemagne et de France vers le premier tiers de ce siècle, ce jeune homme a été entièrement traduit en sons et chansons par Schumann, l’éternel jeune homme tout le temps qu’il se sentit en pleine possession de sa force ; il y a, il est vrai, des moments où sa musique rappelle l’éternelle “vieille fille” ». Ce sticker mural Sans la musique, la vie serait une erreur - Friedrich Nietzsche donnera plus de vie dans votre salon ! Nous comparons plusieurs interprétations d’une même oeuvre et élisons nos favoris… Quand nous la pratiquons, nous le faisons en famille. Schumann n’y était pour rien, et il couvait aussi autre chose : mais il est indéniable qu’il a flatté en son temps certaines tendances de l’âme romantique pré-nazie que Nietzsche entravait dont il se méfiait. 11Toutes ces remarques grossissent les indications de Nietzsche pour en montrer plus clairement le but subtil. Ce qui prouve la force, c’est le trop-plein de force [...]. Nietzsche, très content de sa formule, l’a essayé sur deux correspondants (Peter Gast, compositeur et Georg Brandes, philosophe danois) avant d’en faire une maxime d’un de ses derniers ouvrages, Crépuscule des idoles, 1888. – Peut-être notre musique moderne, quel que soit son empire – et sa tyrannie, n’a-t-elle plus devant elle qu’un court laps de temps ; car elle a surgi d’une culture dont le sol miné s’enfonce rapidement, d’une culture bientôt engloutie » 23. Publié le 21.09.2018. Partager. Sans la musique la vie serait une erreur... J'ai été étonné de la réaction du Directeur général de la commission scolaire Sorel-Tracy.